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Opération Salomon en mai 1991 |
Tous
ceux et celles qui ont plus de quarante ans se rappelleront
certainement de ces arrivées massives de milliers de Juifs
éthiopiens (1) en Israël dans les années 80 et 90.
Le
rapatriement aéroporté de ces milliers de réfugiés, hagards, mal
vêtus et souvent affamés avait ému le monde entier, et je me
rappelle que beaucoup de gens avaient salué et félicité les
autorités israéliennes pour ces opérations de sauvetages menées
avec rapidité et efficacité.
Pour
rappel ...
Cela
faisait des siècles que la communauté juive éthiopienne, établie
principalement dans les provinces du Gondar et du Tigré au nord de
l’Éthiopie, rêvait de revenir à Jérusalem. Et après que le
Grand Rabbin sépharade, Ovadiah Yossef, reconnut officiellement en
1973 l'authenticité du judaïsme éthiopien, le premier ministre,
Menachem Begin, déclara solennellement en 1977 qu'il fallait aller
chercher les Juifs éthiopiens.
Cette
année-là, trente familles juives immigrèrent d’Éthiopie vers
Israël et jusqu'en 1984, ce ne sont pas moins de quatre mille Juifs
qui regagnèrent Israël (2).
Puis,
de novembre 1984 au début janvier 1985, l'Agence juive mit en place
« l'Opération
Moïse »
afin de rapatrier quelque 6 500 Juifs éthiopiens qui avaient fui la
guerre civile et avaient rejoint les camps de réfugiés au Soudan,
après une longue marche à travers le désert. Malheureusement,
l'opération tenue secrète fut interrompue par le Soudan le 5
janvier 1985, quand l'information fut révélée dans la presse. Ceux
qui eurent la chance d'être secourus laissèrent derrière eux près
de 4 000 compatriotes morts de faim et d'épuisement dans les camps
de réfugiés et dans le désert soudanais.
Quelque
mois plus tard, avec l'aide du gouvernement américain, « l'Opération
Josué »
permit le rapatriement de plus de 500 Juifs éthiopiens.
Et,
en mai 1991, un troisième pont aérien fut organisé pour récupérer
le reste des Juifs qui n'avaient pas pu quitter l’Éthiopie et qui
avaient rejoint Addis-Abeba à cause de la guerre civile. Ce fut
« l'Opération
Salomon »
où quelque 14 325 Éthiopiens immigrèrent en Israël. Le
rapatriement aéroporté tenu secret se déroula en moins de 48
heures !
Ensuite,
l'immigration vers Israël continua, mais plus sporadiquement et avec
beaucoup moins de candidats.
Le
cas des Falashmouras
Avec
« l'Opération Salomon », l'immigration de toute la
communauté Beta
Israël
semblait être réglée une fois pour toute. Mais, c'était sans
compter sur l'arrivée d'un autre groupe de réfugiés n'appartenant
pas à cette communauté.
Ces
Éthiopiens que l'on appelle « Falashmouras » proviennent
d'horizons très différents. S'ils sont en majorité des descendants
de Falashas convertis au christianisme, d'autres sont des réfugiés
économiques cherchant un avenir meilleur en Israël.
Ces
gens n'étant pas considérés comme Juifs à part entière, ils ne
bénéficient pas de la « Loi du retour », à moins
qu'ils puissent prouver leur filiation juive et/ou qu'ils acceptent
une conversion formelle.
Malgré
une certaine réticence, le gouvernement israélien et l'Agence juive
avaient finalement autorisé le rapatriement de 8 000 Falashmouras
entre 2010 et 2013. La dernière opération aéroportée appelée
« Ailes
de Colombe » permit
le retour des derniers 450 Éthiopiens le 28 Août 2013, mettant
ainsi un terme au retour en Terre sainte de tous les Juifs
éthiopiens.
Du
rêve à la réalité ...
En
2013, on dénombrait plus ou moins 131 000 Juifs éthiopiens
installés en Israël, dont 47 000 nés dans le pays (3).
Malheureusement,
pour certains d'entre-eux le rêve du retour en Terre promise a été
quelque peu terni par la dure réalité de la vie quotidienne en
Israël : les nouveaux venus sont parfois confrontés à un
certain racisme ou à de la discrimination de la part des autres
communautés.
Malgré
les campagnes d'alphabétisation et les efforts d'intégration menés
par l'Agence juive, certains ont encore des difficultés à
s'intégrer dans cette société moderne où tout est si différent
du mode de vie de subsistance dans lequel ces gens vivaient
auparavant.
C'est
ainsi qu'on remarque plus de pauvreté dans la communauté
éthiopienne que dans le reste de la population israélienne.
Certaines femmes ont même dû accepter un programme de planning
familial visant au contrôle des naissances pour pouvoir s'installer
dans le pays.
L'origine
des Juifs éthiopiens
Il
y a plusieurs hypothèses quant à l'origine des Juifs éthiopiens.
Pour certains, ils seraient les descendants de la tribu de Dan. Lors
du schisme entre la Maison de David (Juda) et la Maison d'Israël
(les tribus du nord), après la mort de Salomon, la tribu de Dan
aurait migré au nord de l'Éthiopie en remontant le Nil égyptien
(4).
Pour
d'autres, il s'agirait d’Éthiopiens issus de mariages mixtes et
convertis au judaïsme depuis très longtemps. Et enfin, d'autres
pensent qu'ils seraient les descendants des différents groupes de
gens qui, depuis l'époque de la rencontre entre Salomon et la reine
de Saba, ont maintenu d'excellentes relations entre Israël et
l’Éthiopie durant tous ces siècles.
Que
dit la Bible ?
Quelle
que puisse être l'origine des Juifs éthiopiens, il faut savoir que
leur existence est bien attestée dans les Écritures, et que leur
retour en Terre sainte était également prophétisé depuis très
longtemps ! Il semblerait même que la Bible nous donne des
indications quant à leur origine.
Ne
vous-êtes vous jamais demandé qui pouvait bien être cet eunuque
éthiopien qui fut baptisé par l'Apôtre Philippe ?
«Philippe
partit aussitôt. Et, sur son chemin, un homme apparut : c'était
un eunuque éthiopien, haut fonctionnaire chargé d'administrer les
trésors de Candace, la reine d’Éthiopie ; il était venu à
Jérusalem pour adorer Dieu et il retournait chez lui.»
(Actes 8 : 27).
De
toute évidence, ce personnage important de la cour de Candace était
un Juif éthiopien qui venait (peut-être régulièrement) à
Jérusalem pour adorer au Temple. Cet épisode nous montre qu'au 1er
siècle de notre ère il y avait déjà des Éthiopiens qui se
rendaient à Jérusalem pour adorer le Dieu d'Israël.
Mais
les relations entre Israël et l’Éthiopie sont bien plus anciennes
que cela !
La
rencontre entre le roi Salomon et la reine de Saba a probablement
ouvert la porte à des échanges économiques et culturels intenses
et durables entre les deux pays :
«1
La reine du pays de Saba entendit parler de Salomon. Elle vint donc
voir Salomon pour éprouver sa sagesse en lui posant des question
difficiles. 2 Elle arriva à Jérusalem avec un grand nombre de
serviteurs, et avec des chameaux portant des parfums, de l'or en
grande quantité et des pierres précieuses. ...»
(I Rois 10 : 1 à 13).
Cette
relation de confiance entre les deux peuples trouve probablement son
origine à l'époque de l'Exode, car rappelons-nous que Moïse avait
épousé une femme éthiopienne :
«Moïse
avait épousé une femme Kouchite ...»
(Nom. 12 : 1).
L'écrivain
antique Artapanos dans son récit sur la vie de Moïse rapporte
également ceci :
«...
10 C'est ainsi que les Éthiopiens, ses ennemis pourtant, chérirent
Moïse au point d'apprendre de lui la circoncision ...»
(Eusèbe de Césarée, La
préparation évangélique).
Il
est très probable que le peuple d'Israël, captif en Égypte,
entretenait déjà de bonnes relations avec le peuple éthiopien. La
Bible semble le démontrer indirectement, car un des peuples ennemis
de l’Égypte pharaonique était le pays de Kouch (l’Éthiopie).
Et
la Bible nous apprend que les Égyptiens redoutaient qu'Israël se
rallie à cet ennemi potentiel.
«Il
faut trouver un moyen pour limiter leur nombre. En cas de guerre, ils
se joindraient à nos ennemis pour nous combattre et quitter le
pays.»
(Ex. 1 : 10).
Le
judaïsme éthiopien
Un
autre indice témoignant de l'ancienneté de la communauté juive
éthiopienne se trouve précisément dans leurs coutumes religieuses.
Le judaïsme éthiopien est considéré comme « archaïque »,
car il conserve des traditions pré-talmudiques. Bien qu'ils
célèbrent les fêtes mentionnées dans la Torah, les Juifs
éthiopiens ne connaissaient pas la fête de Hanoucca ni celle de
Pourim ; ce qui indique que leur judaïsme était antérieur à
l'exil babylonien.
Une
prophétie accomplie à notre époque
Avec
le retour des Juifs éthiopiens en Israël, nous pouvons affirmer
qu'une prophétie s'est accomplie de nos jours !
«D'au
delà des fleuves de l’Éthiopie, mes adorateurs, mes dispersés,
m'apporteront des offrandes.»
(Sophonie 3 : 10, version L. Segond).
«Ce
jour-là le Seigneur, une fois encore, usera de son pouvoir pour
récupérer ce qui reste de son peuple, ceux qui auront survécu en
Assyrie, en Basse-Egypte, en Haute-Egypte, au Soudan, ...»
(Esaïe 11 : 11).
Que
notre Seigneur protège et bénisse aussi cette communauté !
Notes :
1)
Les Juifs éthiopiens se nomment eux-mêmes «Beta
Israël»
(Maison d'Israël), alors que les Chrétiens éthiopiens les
appelaient «Falashas»
qui est un nom péjoratif signifiant « intrus » ou
« exilés ».
2)
Les différentes sources consultées pour les informations chiffrées
ne sont pas toujours identiques entre elles. Par conséquent, je vous
propose le lien wikipédia qui me paraît assez complet:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Falashas
3)
Autre source:
http://www.israelvalley.com/news/2013/10/31/41628/le-sigd-est-fete-par-131-400-israeliens-dorigine-ethiopienne
4)
Personnellement, cette hypothèse me paraît peu vraisemblable, au
regard de certaines prophéties et de l'histoire du peuple d'Israël.
Cet article a également été publié sur "Ops & Blogs" du "Times of Israel"
http://frblogs.timesofisrael.com/le-retour-des-juifs-ethiopiens-etait-prophetise/
Cet article a également été publié sur "Ops & Blogs" du "Times of Israel"
http://frblogs.timesofisrael.com/le-retour-des-juifs-ethiopiens-etait-prophetise/
Cordiales
salutations
Mai
2015
Jacquy
Mengal