Reine Esther par Minerva Teichert, 1937 |
La
fête rabbinique de Pourim (« les sorts »)
commémore la délivrance du peuple juif sauvé de justesse par la
reine Esther à l'époque des Mèdes et des Perses.
Bien
que la fête soit joyeuse et festive, son origine nous rappelle que
l'hostilité à l'égard du peuple juif ne date pas d'hier !
Selon
le récit du livre d'Esther (Méguila d'Esther), le roi perse
Assuérus (Xerxès 1er) épousa une très belle femme juive nommée
Esther, fille d'Abihaïl (Hadassa bat Abihaïl, en hébreu), après
avoir répudié sa femme Vashti pour insolence.
« Le
roi devint amoureux d'Esther, plus qu'il ne l'avait jamais été
d'une autre femme, et ce fut elle, parmi les jeunes filles, qui gagna
sa faveur et sa tendresse. Il posa la couronne royale sur sa tête et
la proclama reine à la place de Vasti. »
(Esther 2 : 17).
Sur
le conseil de son tuteur et cousin Mardochée, la nouvelle reine
dissimula son identité, car la communauté juive disséminée dans
tout l'empire subissait le mépris d'une partie de la population.
Mardochée,
qui était un homme obéissant à la Parole de Dieu, refusait de
s'incliner devant Haman, le nouveau vizir. Néanmoins, il respectait
le roi et il réussit même à le sauver d'un complot mortel.
Mais,
Haman, plein de haine et de mépris vis-à-vis de Mardochée et des
Juifs en général, promulgua un décret avec le consentement du roi
en vue d'exterminer tous les Juifs de l'empire en un seul jour, puis
de confisquer leurs biens. La date de la sentence fut fixée par
tirage au sort pour le 13e jour du mois d'Adar.
Mardochée
ayant eu connaissance de la sentence demanda à la reine d'intervenir
auprès du roi pour annuler le décret. La reine Esther convia alors
le roi ainsi que Haman à un somptueux festin, sans pour autant
dévoiler le motif de sa requête. Après le repas, Haman, qui
sortait du palais, vit que Mardochée ne s'inclinait toujours pas
devant lui. Rempli de fureur, il fit ériger une potence pour y
pendre Mardochée.
La
même nuit, alors que le roi ne trouvait pas le sommeil, il consulta
les archives royales et se souvint du complot contre lui déjoué par
Mardochée. Le roi décida alors de récompenser son sauveur.
Le
lendemain, avant même que Haman n'ait eu le temps d'exprimer sa
requête pour l'exécution de Mardochée, le roi lui demanda quelle
pourrait être la plus belle récompense pour un acte de bravoure.
Haman, pensant qu'il s'agissait de lui-même, dit au roi de revêtir
un tel homme des plus beaux habits et de le faire promener sur le
cheval du roi guidé à travers la ville par un notable. Le roi
ordonna alors que cela soit fait, mais c'est Mardochée qui fut
conduit par Haman sur le cheval à travers la ville !
Peu
de temps après, la reine Esther convia à nouveau le roi et Haman à
un second festin. Au cours du repas, la reine obtint l'entière
bienveillance du roi et lui révéla son identité juive ainsi que le
complot d'anéantissement de son peuple ourdi par Haman.
Le
roi entra alors dans une violente colère et fit pendre Haman à la
potence qui avait été dressée pour Mardochée. Il autorisa ensuite
les Juifs à prendre les armes pour se défendre contre leurs ennemis
partout dans l'empire.
C'est
en souvenir de cet événement que Mardochée institua la fête des
Pourim le lendemain de ce jour néfaste «des sorts». Cela eut lieu
vers 480 avant notre ère.
« 24
Mardochée rappelait ceci : Haman, fils de Hammedata et
descendant d'Agag, l'adversaire des Juifs, avait décidé
d'exterminer ceux-ci. Il avait jeté les dés, appelés pourim, pour
fixer le jour de leur extermination totale. 25
Mais Esther alla trouver le roi, et celui-ci ordonna par écrit de
faire subir à Haman le sort affreux qu'il avait prévu pour les
Juifs (...) 26
Voilà pourquoi on appelle ces jours de fête les Pourim, d'après le
mot 'pour' qui signifie 'dès'. »
(Esther
9 : 24-26).
La
fête de Pourim est célébrée le 14 Adar, ou le second mois d'Adar
quand il s'agit d'une année embolismique comme c'est le cas en 2016.
Quant au jeûne d'Esther, il a lieu le 13 Adar ou avant quand ce jour
tombe un shabbat. Cette année 2016, la fête sera célébrée le
jeudi 24 mars et le jeûne d'Esther, la veille.
Précisons
que Pourim n'est pas une fête mentionnée dans la Torah. Il
semblerait, en effet, que le livre d'Esther ait été le dernier
ouvrage inclus dans la Bible hébraïque. C'est d'ailleurs le seul
livre dont aucune copie n'a été retrouvée parmi les manuscrits de
la mer Morte et qui ne mentionne jamais directement le Seigneur.
D'autre
part, l’historicité du récit d'Esther est parfois remise en cause
par certains historiens. Mais, quand bien même il s'agirait d'un
conte ou d'un récit historique partiellement romancé, on remarque
que la présence d'individus tels que Haman n'est hélas pas le
produit de l'imagination !
En
effet, la seule évocation du nom Shoah nous fait frémir et nous rappelle l'horreur indicible de la barbarie
nazie dans sa volonté morbide d'avoir voulu anéantir tout un peuple
pour la seule raison de son appartenance identitaire.
L'antisémitisme
n'a aucune justification et est tout à fait intolérable. Il nous
appartient à tous et toutes de le combattre, comme tous les autres
racismes d'ailleurs. Car, malheureusement, d'autres génocides furent
aussi perpétrés tout au long de l'histoire à l'encontre de
minorités ethniques ou de peuples sans défense (ex. : les
Tziganes, les Arméniens, les Amérindiens, les Tutsis, et tout
récemment les Chrétiens et les Yézidis du Moyen-Orient, etc.).
Mais,
soyez certains que l'hostilité des hommes les uns envers les autres
prendra fin un jour, lorsque le Machia'h sera revenu pour régner sur
les nations.
Cet
article a également été publié sur "Ops & Blogs" du
« Times of Israel » :
Mars
2016
Jacquy
Mengal