Tous
ceux qui lisent la Bible savent que plusieurs prophéties ont annoncé
la destruction en plusieurs étapes de l'ancienne cité phénicienne
de Tyr.
La
ville antique, située sur la côte sud du Liban, était bâtie en
partie sur le continent et sur une île rocheuse située à quelque
six cents mètres du littoral. Le commerce maritime très prospère
et la production de la teinture pourpre avaient enrichi les habitants
de cette ville qui connu une très grande renommée durant l'Antiqué.
« Tyr,
tu étais une ville incomparable, et te voilà réduite au silence en
pleine mer ! »
(Ezék. 27 : 32).
Aperçu
historique
La
cité est très ancienne, puisque Hérodote, qui la visita au milieu
du Ve siècle avant notre ère, fut informé par les prêtres du dieu
Melqart que leur temple fut érigé 2 300 ans plus tôt. La ville
aurait donc été fondée vers 2 700 ans avant notre ère.
Carthage
fut d'ailleurs établie par des navigateurs venus de Tyr, au IXe siècle avant notre ère (vers -815).
C'est
le roi Hiram, connu dans la Bible pour avoir
fourni des matériaux de construction pour le palais de David et le
Temple de Jérusalem, qui agrandit la ville de Tyr en construisant
notamment deux ports sur l'île au Xe siècle av. J.-C : le port sidonien au nord et le
port égyptien au sud.
« Hiram,
roi de Tyr, envoya une délégation à David. Il lui fit livrer du
bois de cèdre et lui envoya aussi des charpentiers et des tailleurs
de pierres, pour lui construire un palais. »
(II Samuel 5 : 11).
Aujourd'hui,
la ville s'appelle Sour,
qui signifie « rocher », évoquant le lieu où elle fut
bâtie jadis. La partie insulaire est à présent reliée au
continent par un isthme, et l'ensemble du site est devenu une petite
ville de pêcheurs et d'artisans.
A
l'instar d'autres villes très anciennes, Tyr bénéficia de
plusieurs périodes florissantes et prospères, mais elle dû aussi
faire face à de nombreuses convoitises et conquêtes.
C'est
ainsi qu'à certaines époques, Israël et Juda ont entretenu de bons
rapports avec Tyr.
« Les
peuples de Juda et d'Israël faisaient du commerce avec toi et te
procuraient du blé de Minnit, du millet, du miel, de l'huile et de
la résine odorante. »
(Ezék. 27 : 17).
La
tristement célèbre Jézabel, fille d'Ithobaal Ier, roi de Tyr et de
Sidon, fut d'ailleurs l'épouse du roi d'Israël Achab (-874 à
-853).
Mais,
au VIIIe et VIIe siècles av. J.-C., les Assyriens soumettent la
cité, et Sidon, la ville sœur, se sépare de Tyr. Ensuite, après
un siège de treize ans (-585 à -572), Nabuchodonosor II, roi de
Babylone, prend la cité qui conserva malgré tout une certaine
autonomie. Après la chute de Babylone, la ville tombe aux mains des
Mèdes et des Perses. Puis, quand l'empire gréco-macédonien arrive
au pouvoir, Alexandre le Grand, qui désire visiter le temple de
Melqart, s'en voit refuser l'accès. Il décide alors de faire le
siège de l'île qui durera sept mois, et il ne parviendra à la
prendre d'assaut qu'en reliant la partie insulaire au continent par
la construction d'une digue avec des débris de construction de la
ville continentale. C'est l'ensablement progressif de cette digue qui
transforma le site en presqu'île.
A
la mort d'Alexandre, la ville passa sous la domination des Ptolémées,
puis des Lagides et enfin des Séleucides. Elle tombera ensuite dans
le giron de l'empire romain, dès 64 av. J.-C., où elle poursuivra
sa lucrative activité commerciale pendant plusieurs siècles. Les
Musulmans prennent la ville au VIIe siècle, qui passe ensuite aux
mains des Seldjoukides en 1089, puis des Croisés en 1124. Les
Mamelouks s'en emparent dès 1291, pour tomber ensuite dans la sphère
ottomane en 1516. La ville fait actuellement partie de la République
du Liban depuis 1920.
Une
prophétie en plusieurs étapes
Ces
différents épisodes historiques, dont certains sont relatés dans
les Écritures, constituent les différentes phases d'une prophétie
que beaucoup estiment définitivement accomplie. Voyons ensemble si
cela est confirmé par l'histoire et la Bible :
Une
cité très ancienne qui a fondé d'autres villes maritimes :
« Est-ce
bien là votre ville jadis si animée, d'origine si ancienne, la
ville qui était allée coloniser des régions lointaines ? »
(Esaïe 23 : 7).
La
beauté et la grande richesse de Tyr :
« ...
Ô Tyr ! Tu te vantes de ta parfaite beauté ! Ton domaine
s'étend jusqu'en pleine mer. Tu as été bâtie comme un splendide
navire ... »
(Ézékiel 27 : 3-4, et tout le chapitre).
« Les
gens de Tyr, les peuples les plus riches chercheront ta faveur en
t'offrant des cadeaux. »
(Ps 45 : 13).
Sa
soumission à l'Assyrie, puis la conquête de Nabuchodonosor et
l'abandon de la cité continentale pendant soixante-dix ans :
« Voici
ce que je déclare encore, moi, le Seigneur Dieu : Contre toi,
ville de Tyr, je vais faire venir du nord le plus puissant des rois,
le roi Nabuchodonosor de Babylone. Il viendra t'attaquer avec des
chevaux, des chars, des cavaliers et une armée innombrable ... »
(Ézékiel 26 : 7, et tout le chapitre).
«Alors
Tyr restera oubliée pendant soixante-dix ans, durée de la vie d'un
roi ... »
(Esaïe 23 : 15, et tout le chapitre).
Nabuchodonosor
a soumis la ville continentale, mais il n'a pas pu la piller car les
habitants se sont réfugiés sur l'île avec leurs richesses :
« -
Ézékiel, le roi Nabuchodonosor de Babylone a imposé à son armée
des efforts considérables contre la ville de Tyr. Ses soldats ont
tous la tête chauve et les épaules meurtries. Cependant ni le roi
ni ses hommes n'ont tiré profit de leur opération contre Tyr. »
(Ezék. 29 : 18).
Construction
de la digue par Alexandre et pillage de Tyr continentale et
insulaire :
« Ils
voleront tes richesses et pilleront tes stocks de marchandises. Ils
démoliront tes murs et raseront tes demeures luxueuses, ils en
prendront les pierres, le bois et les gravats et les jetteront au
fond de la mer. »
(Ezék. 26 : 12).
Conquête
par de nombreux peuples :
« Eh
bien voici ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu : 'je vais
intervenir contre toi, ville de Tyr. Je te ferai attaquer par des
peuples nombreux, ils déferleront sur toi comme les vagues de la
mer.' »
(Ezék. 26 : 3).
Sa
destruction définitive et son engloutissement sous les flots :
« 19
Oui, je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je te rendrai pareille
aux villes en ruine, où plus personne n'habite. Je ferai monter du
fond de la mer des masses d'eau qui te recouvriront. (...)
21 On recherchera tes vestiges, mais personne ne te trouvera plus
jamais. Voilà ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu. »
(Ezék. 26 : 19-21).
Chers
lecteurs, si de nombreux pasteurs et enseignants de la Bible
affirment que la prophétie concernant la destruction de Tyr est
entièrement accomplie, au risque de les contredire, je dois vous
dire que la dernière phase de la prophétie sur Tyr n'est toujours
pas réalisée à ce jour !
Je
vous invite d'ailleurs à consulter le site de Google Earth sur
Internet, ou à vous rendre sur place, pour constater par vous-même
que la ville de Sour (bâtie sur l'ancien site de Tyr) est toujours
habitée aujourd'hui par une population de plusieurs dizaines de
milliers d'habitants !
Certes,
elle n'est plus la grande ville maritime opulente et célèbre
qu'elle fût jadis, mais elle n'est certainement pas non plus un
petit village de pêcheurs, comme certains se plaisent à le dire
pour affirmer que la prophétie est entièrement réalisée.
Pourtant,
si vous lisez l'ensemble des oracles se rapportant à Tyr, vous
constaterez que la cité est vouée à disparaître sous les flots et
à ne plus jamais être habitée. Or, le site est toujours accessible
et habité de nos jours.
« Je
ne laisserai subsister de toi qu'un rocher dénudé, où les pêcheurs
mettront leurs filets à sécher, et la ville ne sera jamais rebâtie.
C'est moi, le Seigneur Dieu, qui l'affirme. »
(Ezék. 26 : 14).
Le
passage ci-dessus peut être divisé en deux parties : « un
rocher dénudé, où les pêcheurs mettront leurs filets à sécher »,
ce qui fut bien le cas au cours de ces derniers siècles, car Tyr
était effectivement devenue un petit village de pêcheurs jusqu'au
début du XXe siècle. Mais, en lisant la suite du verset (« la
ville ne sera jamais rebâtie »), on se rend bien compte que
cela ne s'est pas réalisé comme prévu, puisqu'elle est devenue une
ville. Les
prophètes nous auraient-ils menti et doit-on douter de la fiabilité
des Écritures ? Certainement pas !
Il
y a plusieurs dizaines d'années, certains pasteurs avaient donné
une interprétation erronée de cette prophétie, en affirmant
qu'elle était entièrement accomplie dans les moindres détails, et
qu'elle constituait ainsi une preuve de la fiabilité des Écritures.
Puis, au fil des années, cette théorie s'est propagée sans que
personne ne la remette vraiment en question. A
contrario,
certains détracteurs n'ont pas hésité à discréditer les
Écritures en affirmant que cette prophétie ne s'était pas
réalisée.
Je
ne me considère certainement pas comme étant plus clairvoyant ou
mieux inspiré que d'autres, mais soyons honnêtes : cette
prophétie n'est pas entièrement accomplie, et si une prophétie ne
se réalise pas comme nous le pensons, c'est qu'il y a forcément un
ou plusieurs éléments que nous n'avons pas compris, car il est
certain que la Bible ne ment pas ! Il est donc inutile et même
malhonnête de tordre l’Écriture pour essayer de lui donner le
sens qui nous conviendrait.
En
relisant Ézékiel 26, versets 19 à 21, nous pouvons nous rendre
compte que cette prophétie n'est pas encore achevée !
« Oui,
je le déclare, moi, le Seigneur Dieu, je te rendrai pareille aux
villes en ruine, où plus personne n'habite. Je ferai monter du fond
de la mer des masses d'eau qui te recouvriront. Je t'enverrai
rejoindre dans les profondeurs les morts de tous les âges. Tu
resteras dans le monde souterrain, semblable aux ruines antiques, en
compagnie des morts qui t'ont précédée. Tu ne pourras plus en
remonter et tu n'auras plus de place sur la terre des vivants. Tout
le monde sera épouvanté par ton sort car tu seras complètement
détruite. On recherchera tes vestiges, mais personne ne te trouvera
plus jamais. Voilà ce que je déclare, moi, le Seigneur Dieu. »
Il
paraît donc évident que Tyr sera engloutie sous les flots de la mer
dans un avenir plus ou moins proche. Et c'est précisément dans les
derniers jours que la prophétie trouvera son ultime et entier
accomplissement :
« Vous,
en particulier, villes de Tyr et de Sidon, et vous tous, les
territoires philistins, que me voulez-vous ? Voulez-vous prendre
une revanche sur moi ? Si telle est votre intention, je ne
tarderai pas à vous rendre coup pour coup ... » (Joël 4 :
4, et tout le chapitre).
Le
péché de Tyr
En
lisant les différents chapitres se rapportant au destin de la ville
de Tyr, vous aurez certainement compris que c'est son orgueil
démesuré et son enrichissement malhonnête qui ont provoqué la
malédiction divine.
« 17
Ton prestige t'a gonflé d'orgueil et l'éclat de ta réussite t'a
fait perdre la tête. (...) 18 Tu as été injuste et malhonnête
dans le trafic de tes marchandises ... »
(Ezék. 28 : 17-18).
Mais
ce n'est pas la seule faute qui lui fut reprochée : en plus
d'être un lieu de débauche et d’idolâtrie, ses habitants se
réjouirent bien à tort de la chute de Jérusalem en 587 av. J.-C. ;
ce qui déplût fortement au Seigneur.
« -
Ézékiel, dit-il, les habitants de Tyr se moquent de Jérusalem en
disant : 'Ah ! Ah ! Elle est anéantie, la ville par
où tout le monde passait ! Son rôle nous reviendra, nous
allons nous enrichir encore plus, maintenant que Jérusalem est en
ruine ! ' »
(Ezék. 26 : 2).
Pourquoi
cette prophétie n'est-elle pas encore entièrement accomplie ?
Chers
lecteurs, la réponse à cette question se trouve probablement au
chapitre 28 du livre d'Ézékiel. Dans ce chapitre, une menace est
adressée au roi de Tyr, quel qu'il soit, mais à partir du verset
douze et jusqu'au verset seize, le prophète fait une digression pour
évoquer, non plus le roi, mais un être céleste qui s'est rebellé
contre Dieu. Il s'agit de toute évidence de Lucifer qui devint
Satan !
Or,
nous savons que Satan sera banni aux derniers jours. Ainsi, le
parallèle entre le destin final réservé à Tyr et à Satan est
évident. C'est donc aux derniers jours que la cité de Tyr
disparaîtra à tout jamais sous les flots !
« Les
commerçants des peuples étrangers gémissent d'effroi à ton sujet,
car tu es devenue un objet d'épouvante, tu es anéantie pour
toujours ! »
(Ezék. 27 : 36).
Août
2016
Jacquy Mengal
Jacquy Mengal
Très bon article, merci frère.
RépondreSupprimerMerci à toi, Alain, et shabbat shalom !
SupprimerVraiment très intéressant et détaille au possible ! Félicitations tu as dû faire de grosses recherches pour être aussi précis .. Comme d hab un régal de te lire ..
RépondreSupprimerShabbat Shalom
Debo
Merci pour tes encouragements Déborah. En fait, les recherches ont été très faciles, puisque l'histoire de cette cité est très bien documentée. Il suffisait de confronter l'histoire profane à la prophétie biblique, sans tordre l'Ecriture. Nous devons admettre que cette prophétie n'est pas encore achevée, tout simplement. Bien à toi et bonne semaine.
SupprimerJacquy
TB ton étude . Je suis de retours aprés une panne d'ordi d'un mois.
RépondreSupprimerWalérian
Ce sont des choses qui arrivent ! Merci à toi et bienvenue sur "la toile".
SupprimerJacquy
Merci pour vos recherches qui nous éclair SHALOM à vous
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerJacquy Mengal
Merci pour vos explications très intéressantes sur le plan historique et biblique
RépondreSupprimerDe rien ! C'est moi qui vous remercie pour votre intérêt.
RépondreSupprimerJacquy