Pour la plupart des églises chrétiennes, la doctrine de la trinité représente sans nul doute un dogme fondamental. Le concept de trinité est si important pour ces églises qu'il constitue souvent le seul lien qui les unit, au-delà de leurs divisions et divergences doctrinales.
A ce propos, Césaire d'Arles, un des « pères » de l'Église, mort en 542, écrivait : « La foi de tous les chrétiens repose sur la Trinité ». Cependant, ce que ce dignitaire ne savait pas (ou ne voulait pas savoir) c'est que certains chrétiens ne reconnaissaient pas, déjà à son époque, cette doctrine.
Aujourd'hui, il existe un grand nombre d'églises et de congrégations différentes se réclamant du christianisme, mais depuis longtemps déjà l'acceptation ou non de ce dogme a divisé les chrétiens en deux courants principaux : les églises trinitaires et non-trinitaires appelées aussi unitaires.
Il y a donc des chrétiens dits « trinitaires », majoritaires et appartenant principalement à l'Eglise catholique, aux Eglises issues de la Réforme et aux Eglises orthodoxe, copte et arménienne.
Puis, il y a les églises non-trinitaires qui ne reconnaissent évidemment pas cette doctrine et qui sont plutôt minoritaires et pas nécessairement rattachées entre-elles.
Comment se définit ce dogme ?
Le dogme de la trinité est inscrit dans la profession de foi (ou crédo) de toutes les églises qui l'ont adopté.
Chez les catholiques romains, il est écrit :
« ... il y a en Dieu trois personnes, le Père, le Fils et le Saint Esprit, qui nous sont révélés par l'incarnation du Fils et par l'envoi du Saint Esprit. Elles possèdent l'unique nature divine et c'est la divinité entière et indivisible qui est en chacune des personnes, dans le Père, dans le Fils et dans l'Esprit... ».
Pour les protestants, c'est le même crédo formulé différemment :
«Nous adorons un seul Dieu, qui existe en trois personnes de toute éternité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Tout en partageant pleinement la même et unique nature divine, les trois personnes demeurent distinctes et des rôles distincts leur sont appropriés...».
Ainsi, pour les trinitaires, l'Esprit saint représente une personne distincte tout comme le sont le Père et le Fils.
Mais, si tous les chrétiens affirment utiliser le même livre sacré : la Bible; comment se fait-il que certains aient rejeté cette doctrine, et cela dès le début du christianisme, malgré les persécutions dont ils ont souvent fait l'objet et qui étaient censées les ramener dans « le bon chemin »?
Histoire d'une doctrine
Aussi surprenant que cela puisse paraître, vous ne trouverez jamais le mot « Trinité » dans la Bible. Selon l'Encyclopaedia Britannica :
« Ni le mot Trinité, ni la doctrine explicite de la Trinité n'apparaissent dans le Nouveau Testament; Jésus et ses disciples n'avaient pas l'intention de contredire le « Shéma » (prière hébraïque) de l'Ancien Testament.».
En effet, cette prière, véritable crédo du judaïsme, a été citée par notre Seigneur Yéchoua, lui-même, en réponse à un maître de la loi :
« Jésus lui répondit : - Voici le commandement le plus important : « Ecoute, Israël! Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. » (Marc 12 : 29).
Il s'agit, en fait, du premier commandement tel qu'il figure dans Deutéronome 6 : 4.
Il faut savoir que la doctrine de la trinité apparaît pour la première fois vers 180 ap. J.-C., dans les écrits de Théophile d'Antioche, un des « pères » de l'Eglise. Ensuite, de Tertullien (155-222) à Augustin (IVe siècle), le dogme s'est propagé petit à petit, puis s'est véritablement enraciné au sein de l'Eglise romaine.
C'est lors du concile de Nicée réuni par l'empereur Constantin en 325 que la doctrine fut formulée et précisée pour combattre, entre autres, l'hérésie d'Arius (1).
Mais, c'est surtout le concile de Constantinople I tenu en 381 qui fixera le dogme de façon définitive. Les conciles ultérieurs ne feront que confirmer la doctrine.
Pour combattre les théories d'Arius, les participants au concile de Nicée introduisirent le concept de Consubstantialité. Ainsi, selon eux, le Père, le Fils et l'Esprit saint avaient la même identité de substance et représentaient trois personnes distinctes.
Mais, tous les participants au concile ne furent pas d'accord sur ce point de doctrine, ni d'ailleurs sur d'autres sujets importants (2) et c'est dès cette époque (le IVe siècle) que les réfractaires furent déclarés hérétiques.
L'Histoire nous apprend que ce fut malheureusement le début d'une persécution qui ne fera que s'étendre et s'amplifier tout au long des siècles pour aboutir à l'inquisition, à des massacres comme la Saint-Barthélemy et les croisades contre les cathares et autres vaudois. Tout au long du Moyen Âge et de la Renaissance, l'Europe deviendra le triste théâtre des guerres meurtrières entre protestants et catholiques. Mais c'est d'abord les chrétiens non-trinitaires qui furent les premières victimes de ces conflits sanglants.
Que dit la Bible à ce sujet ?
Les partisans du dogme de la trinité citent souvent, à l'appui de leur croyance, certains passages « clés » de la Bible qu'ils considèrent comme des preuves de la personnalité de l'Esprit saint.
Ainsi, dans Jean 14 : 16, il est dit :
« Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir,... » (version L. Segond). Voir également Jean 15 : 26.
Et dans Ephésiens 4 : 30 :
« N'attristez pas le Saint esprit de Dieu; l'Esprit est en effet la marque de Dieu appliqué sur vous,... ».
De la même façon, certains ont crû voir dans les trois messagers de Dieu qui vinrent vers Abraham, les trois personnes de la trinité (Genèse 18 : 1-2).
Mais cela ne prouve rien! Ces messagers n'étaient autres que deux anges accompagnés par Celui qui deviendra plus tard Jésus-Christ.
En effet, si ces trois messagers étaient censés représenter les personnes de la trinité (le Père, le Fils et l'Esprit saint), comment se fait-il que le Père ait été vu par Abraham et sa femme, alors que la Bible dit formellement que personne n'a jamais vu le Père ? (Jean 1 : 18; I Jean 4 : 12).
Il est vrai que certains passages bibliques pourraient laisser croire que l'Esprit saint représente une personne. Mais, la Bible ne se contredit pas, et sur ce point de doctrine, comme pour d'autres, il est nécessaire d'examiner tous les passages y afférents, afin de se faire une opinion conforme à la vérité révélée.
En effet, beaucoup d'autres versets révèlent clairement et sans ambiguïté que l'Esprit saint est une puissance, une force agissante qui émane directement de Dieu et qui est donnée à ceux qui lui obéissent (Actes 5 : 32).
I Jean 5 : 7
L'argument le plus couramment avancé pour défendre la théorie de la trinité se trouve dans la version Louis Segond :
«Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, la Parole, et le Saint-Esprit, et ces trois-là sont un. » (I Jean 5 : 7).
Mais, il faut savoir que ce verset est une rajoute des éditeurs de la Vulgate (une traduction latine de la Bible). Voici comment la Bible en français courant traduit l'original:
« Il y a trois témoins : L'Esprit Saint, l'eau et le sang, et tous les trois sont d'accord. » (I Jean 5 : 7-8).
Nous remarquons, ici, que l'eau et le sang sont désignés avec l'Esprit saint comme étant d'accord.
Mais comment des substances telles que l'eau ou le sang peuvent-elles être « d'accord » avec l'Esprit saint ? Manifestement, l'auteur utilise une personnification des éléments désignés. Cela n'a rien d'étonnant. Les Romains et les Grecs de l'Antiquité avaient aussi l'habitude de personnifier des éléments naturels, des sentiments et même des qualités humaines (3).
Chacun conçoit que le sang et l'eau ne sont pas des personnes. De la même façon, l'Esprit saint n'est pas une personne, mais une force, une puissance agissante, alors que le Père et le Fils sont véritablement des êtres spirituels distincts et unis par la même puissance qui les anime : l'Esprit saint.
Dans le cas présent (l'eau, le sang et l'Esprit), on pourrait parler, à la rigueur, d'une tri-unité; tout comme le Père, le Fils et l'Esprit saint représentent une tri-unité, puisque le Père et le Fils œuvrent de concert avec le même Esprit qui leur est commun (Matthieu 28 : 19; II Corinthiens 13 : 13). Mais il ne s'agit certainement pas d'une trinité dans le sens admis par le dogme.
Du reste, lors de son discours, Etienne, rempli de l'Esprit saint, eut une vision où il vit clairement la gloire du trône de Dieu et la présence du Seigneur Yéchoua debout à sa droite. Or, il ne dit rien de l'Esprit saint; ce qui se comprend, puisque cet Esprit n'est pas une personne siégeant aux côtés du Père et du Fils, mais bien leur propre puissance (Actes 7 : 55-56).
Dans le livre de l'Apocalypse, l'apôtre Jean aperçut en vision les ressuscités régner avec Dieu (le Père) et l'Agneau, notre Seigneur Yéchoua (Apoc. 20 : 6). Et lorsque la nouvelle Jérusalem descendra du ciel, c'est le Père Tout-Puissant et l'Agneau, son Fils qui seront le Temple (Apoc. 21 : 22-23; 22 : 1-4). Jean ne parle pas d'une troisième personne, puisqu'il savait très bien que l'Esprit saint est une force qui émane de Dieu et de l'Agneau et non une troisième personne!
Quelle est l'identité Dieu ?
Sous la Première Alliance, tous les prophètes d'Israël et les hommes de Dieu ont toujours considéré l'Esprit saint comme une force agissante, un souffle (Rouah hakodesh) qui représente l'Esprit même de Dieu et qui est donné afin que s'accomplisse sa volonté (Marc 12 : 36; Genèse 1 : 2).
Cette pluralité que désigne le nom « Elohim » (4) ne représente aucunement une trinité, mais bien le Père, et le Fils (assis à la droite du Père) pour qui et par qui tout a été fait (Jean 1 : 1-5; Colossiens 1 : 16). Le nom « Elohim » traduit par « Dieu » dans Genèse 1 désigne donc le Père et le Fils qui d'un commun accord créèrent toutes choses :
« Dieu dit enfin : « Faisons les êtres humains; qu'ils nous ressemblent vraiment!... » (Genèse 1 : 26).
Ce nom représente en quelque sorte le nom de famille et cette famille est composée du Père, le Tout-Puissant et du Fils, la Parole, qui est devenu Yéchoua ben David (Jésus-Christ). Si tous deux sont parfaitement d'accord entre eux, la Bible note clairement que le Fils est subordonné au Père :
« ... Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de savoir que je vais auprès du Père, parce que le Père est plus grand que moi. » (Jean 14 : 28). Voir aussi Jean 14 : 24; 20 : 17; Marc 13 : 32 et Matthieu 20 : 21-23.
De la même façon, lorsque les véritables croyants seront ressuscités, ils feront partie de cette famille divine, tout en étant, bien sûr, subordonnés au Père et à son Fils, notre Messie et Sauveur (Ephésiens 3 : 14; I Jean 3 : 1-2).
Remarquons, par ailleurs, que dans les formules de salutations qui ouvrent les lettres de l'apôtre Paul, seuls sont mentionnés le Père et le Fils. Exemple :
« Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous donnent la grâce et la paix » (Romains 1 : 7).
Et, l'apôtre Jean d'écrire :
« En effet, celui qui rejette le Fils rejette également le Père; celui qui reconnaît le Fils a également le Père. » (I Jean 2 : 23).
Si l'Esprit était une personne à part entière, on comprendrait difficilement pourquoi l'apôtre aurait omis de le nommer dans ses formules de salutations; et cela d'autant plus, que Matthieu déclarait qu'il n'y aura pas de pardon pour ceux qui parlent contre l'Esprit saint (Matthieu 12 : 31-32). Ce qui peut se comprendre, puisque cet Esprit n'est rien de moins que celui du Tout-Puissant (Matthieu 10 : 20; 12 :18; Philippiens 3 : 3).
Caractéristiques de l'Esprit saint :
1. Il émane de Dieu et lui appartient en propre : Romains 8 : 9-11; I Corinthiens 7 : 40; Matthieu 3 : 16; Galates 3 : 5 et I Pierre 1 : 2.
2. C'est un Esprit de vérité : I Jean 4 : 6; Jean 14 : 16.
3. Il appartient également au Fils et est donné par son intermédiaire : Luc 21 : 15/Marc 13 : 11; Galates 4 : 6; Tite 3 : 6.
4. C'est une force, une puissance comparée au souffle de Dieu : Actes 1 : 8; 4 : 31; Marc 5 : 30; Ephésiens 3 : 16, 20; II Timothée 1 : 7.
5. C'est un don de Dieu : Actes 2 : 38-39; 5 : 32; 8 : 15-20; 10 : 44-48; I Jean 3 : 24.
6. Il engendre des dons et des fruits différents : Hébreux 2 : 4; I Corinthiens 12 et 14; Galates 5 : 22-25.
7. Il peut être répandu avec plus ou moins d'intensité : Joël 3 : 1-3/Actes 2 : 17-18; Ephésiens 5 : 18.
8. Représentations métaphoriques de l'Esprit saint :
Un fleuve d'eau vive : Jean 4 :10-15; 7 : 37-39.
Une colombe : Matthieu 3 : 16.
Des langues pareilles à des flammes de feu : Actes 2 : 2-4.
D'où vient alors le concept de la trinité ?
Si cette doctrine ne trouve pas son origine dans la Bible, alors, d'où peut-elle bien venir?
Aussi loin que l'on remonte dans l'Histoire de l'humanité, on retrouve, dans pratiquement toutes les civilisations anciennes, des triades mythologiques et religieuses. En voici quelques exemples :
Triade égyptienne: Osiris, Isis et Horus |
Chez les Sumériens : Anu, Enki et Enlil
A Babylone : Shamash, Sin et Ishtar
Chez les Phéniciens : Baal, Astarté et Echmoun (à Sidon) ou Melqart (à Tyr)
A Rome : Jupiter, Junon et Minerve
Chez les Etrusques : Tinia, Uni et Mnerva
En Grèce : Eros, Chaos et Gaïa (divinités primordiales). Hécate, Séléné et Artémis (triade lunaire)
En Gaule : Teutatès, Esus et Taranis
En Inde : Brahma, Vichnu et Shiva (toujours vénérés aujourd'hui).
Selon certains chercheurs, il semblerait que la trinité platonicienne, élaborée par le philosophe grec Platon, influençât fortement les « pères » de l'Eglise dans leur quête sur l'identité et la nature de Dieu.
Les multiples triades païennes antiques du Proche-Orient seraient bel et bien à l'origine de ce concept de trinité qui s'immisça petit à petit au sein de l'Eglise, dès la disparition des apôtres.
Et, ce n'est pas sans raison que l'apôtre Paul s'étonnait de la dérive de certains chrétiens, dès son époque! (II Corinthiens 11 : 3-4; Galates 1 : 6-10).
Conclusion
Peut-on admettre, que ceux-là même qui, au nom d'un Dieu trinitaire, ont massacré tant de croyants lors de ces terribles guerres de religion, puissent avoir agi sous l'influence de l'Esprit saint ? Et, à plus forte raison, qu'ils aient compris ce que représentait véritablement l'Esprit saint ? ... Bien sûr que non, voyons!
Dieu n'est pas à une trinité! Il est Unique et Tout-Puissant (Le Père). Son Fils, Yéchoua, assis à sa droite, fait partie de cette famille divine (Elohim) et c'est pour nous accueillir au sein de cette famille que Le Père nous a appelés grâce à son Esprit saint et au sacrifice de son Fils :
« L'Esprit de Dieu affirme lui-même à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Nous sommes ses enfants, donc nous aurons aussi part aux biens que Dieu a promis à son peuple, nous y aurons part avec le Christ... » (Romains 8 : 16-17).
Notes :
1. Selon Arius, prêtre d'Alexandrie (mort en 386), le Christ était une personne créée par le Père. (Sur ce point de doctrine, il avait tort, puisque la Bible affirme que le Christ n'a pas de commencement { Jean 1 : 1-18; 17 : 5}).
2. C'est également lors de ce concile de Nicée que Constantin décida de fixer la date de la Pâque au dimanche qui suivait la Pâque juive, après l'équinoxe du printemps. Il prit cette décision pour harmoniser les différentes dates de Pâque célébrées par les chrétiens d'orient et d'occident, et dans un souci de préserver la paix sur le territoire de l'Empire. Ceux qui s'obstinèrent à célébrer leur Pâque à la même date que les Juifs furent appelés « églises quatuordécimantes » et furent traités d'hérétiques!
3. Sur les monnaies romaines, le Nil (Nilus) était personnifié par un homme barbu allongé, tenant une corne d'abondance et regardant un hippopotame face à lui et un crocodile à ses pieds, la paix (Pax) comme une femme debout tenant un rameau d'olivier et la joie ou l'allégresse (Lætitia) comme une femme debout s'appuyant sur une ancre et tenant une couronne.
4. Elohim est le pluriel d'Eloah. En hébreu, la terminaison «im» indique le pluriel masculin; exemple : yéled, yéladim - garçon, garçons, (Malca Kenigsberg, «L'hébreu sans peine», Assimil, France, 1982, p. 382 et 383).
Il est peut-être utile de préciser que je ne suis pas membre du mouvement des Témoins de Jéhovah et que je n’adhère pas à leurs croyances.
4. Elohim est le pluriel d'Eloah. En hébreu, la terminaison «im» indique le pluriel masculin; exemple : yéled, yéladim - garçon, garçons, (Malca Kenigsberg, «L'hébreu sans peine», Assimil, France, 1982, p. 382 et 383).
Il est peut-être utile de préciser que je ne suis pas membre du mouvement des Témoins de Jéhovah et que je n’adhère pas à leurs croyances.
Salutations et bonne fête de Pentecôte.
Mai 2010
Jacquy Mengal
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