Avant
de poursuivre l'énumération de quelques découvertes archéologiques
confirmant la Bible, revenons un instant sur cette empreinte du sceau
royal d'Ezékias dont nous avons parlé dans la première partie de
cet article.
En
observant le graphisme du sceau, la première chose que nous
remarquons est ce dessin du soleil ailé flanqué d'une croix ankh
(la deuxième croix est à peine visible) d'un style égyptien
évident. Certains croyants pourraient s'étonner de la présence de
tels symboles « païens » sur le sceau d'un roi judéen
considéré par les Écritures comme ayant été agréable et droit
aux yeux de Dieu.
« Ezékias
fit ce qui plaît au Seigneur, tout comme son ancêtre David. »
(II Chron. 29 : 2).
En
fait, ce sceau est loin d'être le seul artefact « biblique »
de style égyptien découvert à ce jour. D'autres objets typiquement
israélites ou judéens mis au jour sont du même style. Ce détail
est très révélateur du passé historique d'Israël, mais aussi des
influences qui prévalaient dans cette région du monde durant la
Haute Antiquité.
C'est
ainsi que parmi les nombreux sceaux retrouvés en Terre sainte,
certains ont une iconographie égyptienne évidente, tel ce sceau du
ministre du roi israélite Osée (732-724 avant notre ère), avec
l'inscription : « A
Abdi, Serviteur d'Osée ».
(Image : interbible.org).
Si
la Bible présente le royaume de Salomon comme ayant atteint une
certaine grandeur à son apogée, lorsque l'on considère
objectivement la carte des différents pays du Proche-Orient de cette
époque, il paraît évident que les royaumes d'Israël et de Juda
occupaient une position moins dominante que leurs voisins, tels que
l’Égypte, l'Assyrie, Babylone ou la Perse.
Le
royaume d'Israël et celui de Juda, qui s'est maintenu plus
longtemps, ont souvent subi l'influence, d'abord de l’Égypte
pharaonique puis, dans une moindre mesure, de Babylone et des Perses.
Cela est logique, puisque le peuple d'Israël a séjourné très
longtemps en Égypte, et que par la suite le peuple juif dut aussi
vivre en exil à Babylone, puis parmi les Mèdes et les Perses.
L'arche
d'alliance de Moïse n'a jamais été retrouvée, mais il y a fort à
parier que son décor était tout à fait de style égyptien.
En
lisant les Écritures, nous perdons souvent de vue que les relations
entre Israël et l’Égypte étaient très proches, et plus souvent
amicales que conflictuelles. Salomon, lui-même, n'avait t-il pas
épousé la fille du Pharaon ?
« Le
roi Salomon épousa une fille du Pharaon, roi d’Égypte, et, par ce
mariage, il s'allia avec le Pharaon. »
(I Rois 3 : 1).
Il
faut savoir aussi qu'Israël a été quelquefois vassal de l’Égypte :
en témoigne la découverte de vestiges de garnisons égyptiennes en
Terre sainte. Il est donc logique de retrouver cette influence
égyptienne dans l'art israélite.
Cependant,
la religion des deux peuples était différente. Si l’ancienne
Égypte était foncièrement polythéiste, depuis l'Exode, le peuple
d'Israël avait solennellement accepté l'alliance du Dieu unique
YHWH au mont Horeb.
Quelques
autres découvertes
-
Lors de la conquête éclair de Josué, la première cité cananéenne
qui tomba aux mains des Israélites fut Jéricho.
Si tous les archéologues sont d’accord pour reconnaître que la
cité fut détruite violemment puis incendiée, l'interprétation des
données archéologiques reste encore aujourd'hui très controversée.
Alors que pour John Garstang, qui fouilla la cité dans les années
1930, la ville fut détruite vers – 1400, pour Kathleen Kenyon, qui
reprit les travaux dans les années 1950, c'est vers – 1550 que la
cité fut abandonnée. Malgré le réexamen des céramiques par
Bryant G. Wood, qui confirme la datation de Garstang, la plupart des
spécialistes persistent à croire que la datation de Kathleen Kenyon
est la bonne. Une affaire à suivre, donc !
-
C'est à l'archéologue Adam Zertal (1936-2015) que l'on doit la mise
au jour en 1986 de l'autel
de Josué
sur le mont Ebal, situé vis-à-vis du mont Garizim.
Cette
découverte, importante mais peu connue, avait suscité beaucoup de
polémiques en raison du déni de la conquête de Josué par de
nombreux historiens. Cet autel confirme pourtant de façon éclatante
le récit biblique et atteste de la conquête de Canaan par Josué.
Il est construit en pierres non taillées et est situé sur le mont
Ebal comme cela est indiqué dans le Texte. Et si l'ensemble de
l'édifice est daté du XIIIe siècle avant notre ère, sa structure
de base remonterait plutôt à – 1400, soit l'époque de Josué !
« Sur
le mont Ebal, Josué fit un autel pour le Seigneur Dieu d'Israël. Il
le construisit selon les instructions que Moïse, le serviteur du
Seigneur, avait données aux Israélites (...) un autel en pierres
brutes, non taillées avec un outil de fer ... »
(Josué 8 : 30-31).
-
Parmi les grands travaux entrepris par le roi Salomon,
on peut encore voir aujourd'hui les trois portes de même style qu'il
fit construire dans les villes de Hassor, Méguiddo et Guézer (I
Rois 9 : 15). (Image : interbible.org).
-
Quelques années après la mort de Salomon, le pharaon
Shéshonq I (appelé
Schischak dans la Bible) attaqua Jérusalem et s'empara des trésors
du Temple. Cet événement est relaté sur les murs du temple d'Amon
à Thèbes :
« La
cinquième année du règne de Roboam, Schischak, roi d’Égypte,
monta contre Jérusalem. »
(I Rois 14 : 25, version L. Segond).
-
La stèle de Mésha,
découverte en 1868, mentionne le roi israélite Omri (886-875 av.
J.-C.).
-
La conquête
de Samarie
en – 721 et la déportation d'une partie de la population israélite
est confirmée par une inscription sur les murs du palais du roi
assyrien Sargon II (II Rois 17 : 3-6).
« J'assiégeai,
j'occupai la ville de Samarie, et réduisis en captivité 27 280
personnes qui l'habitaient ... »
(Jules Oppert {1825-1905}, Grande Inscription du palais de Khorsabad, page 9).
-
La prise de la cité philistine de Ashdod
par les Assyriens est confirmée par une inscription de Sargon II sur
les murs de son palais de Khorsabad (Esaïe 20 : 1).
-
La campagne militaire du roi assyrien Sennakérib
en Judée
est mentionnée sur le prisme de « Taylor » conservé au
British Museum à Londres (II Rois 18 : 13).
-
Le siège de Lakich
par Sennakérib en 701 avant notre ère est illustré en détail sur
des bas-reliefs exposés au British Museum (II Rois 18 : 14).
-
Le tunnel d'Ezékias,
qui dévie la source du Gihon vers le bassin de Siloé, fut creusé à
même la roche par deux équipes qui se rejoignirent au milieu. Il
mesure 530 mètres et fut réalisé vers – 701 sous le roi Ezékias
pour approvisionner la cité en eau en cas de siège. Une inscription
paléo-hébraïque, découverte sur la paroi du tunnel, authentifie
Ezékias comme étant le commanditaire de l'ouvrage (II Rois 20 :
20/ II Chron. 32 : 30).
-
Lors d'une campagne de fouille dans la vallée de Hinnom en 1979,
Gabriel Barkay découvrit deux rouleaux
d'argent dans une tombe
comportant des inscriptions paléo-hébraïques datant de la fin du
VIIe siècle avant notre ère. Après avoir déroulé avec précaution
les deux rouleaux, long de quelques centimètres, on y découvrit un
texte très proche de la célèbre bénédiction sacerdotale
mentionnée dans Nombres 6 : 24-26.
-
Pami les nombreux sceaux
découverts, retenons ceux de : « Achaz (fils de) Yehotam,
roi de Juda » (II Rois 15 : 38), « Hanan (fils de)
Hilqiyahu, le prêtre » (II Rois 22 : 4), « Gedaliyahu,
fils de Pashur » (Jér. 38 : 1), « Yehuchal, fils de
Shelemiyahu, fils de Shavi » (Jér. 38 : 1) et
« Berekyahn, fils de Nereyahu, le scribe », qui serait en
fait Baruk, fils de Neriah, le scribe de Jérémie mentionné dans
Jérémie 36 : 4. (Image : interbible.org).
-
Le siège de Jérusalem
par Nabucodonosor et la deuxième déportation de plus de dix mille
personnes, dont le roi Joakin, à Babylone, rapporté dans les
Chroniques babyloniennes (II Rois 24 : 10-16). (la première
déportation eut lieu en – 606 ; Dan. 1 : 1-6 ; II
Rois 24 : 1-2).
-
La défaite de Babylone par les Mèdes et les Perses et la libération
des captifs par Cyrus le
Grand rapportée sur le
cylindre de Cyrus exposé au British Museum (Daniel 1 : 21 ;
Esdras 1 : 1-4 et 6 : 3-4).
-
Tous les protagonistes et personnages décrits dans le
Nouveau Testament
ont été identifiés, soient par des monnaies ou des inscriptions.
L'existence de Ponce
Pilate,
dont on avait aucune trace, fut prouvée par la découverte d'une
inscription à son nom à Césarée en 1961.
-
Quant à la cité de Capernaüm,
la prophétie de son abandon s'est bien réalisée, puisque
aujourd’hui encore on peut visiter les ruines de cette cité mises
au jour qui fut si prospère.
« Et
toi, Capernaüm, crois-tu que tu t’élèveras jusqu'au ciel ?
Tu seras abaissée jusqu'au monde des morts. »
(Luc 10 : 15).
-
Et enfin, la mise au jour en 1968 d'un fragment d'os (talon)
transpercé d'un clou. Il se trouvait dans l'ossuaire d'un certain
Yehohanan (Jean), fils de Hagakol, découvert à Giv'at Ha-Mivtar
près de Jérusalem. Ce vestige est l'unique preuve matérielle de la
mise à mort par crucifixion
très répandue dans l'empire romain. (Photo :
timesofisrael.com).
Conclusion
Bien
que peu nombreux et rarement spectaculaires, ces témoins du passé
illustrent notre lecture des Écritures en replaçant le récit dans
son contexte historique. Mais, vous l'aurez compris : entre les
«minimalistes» qui sous-estiment le Texte biblique, et
les «maximalistes» qui ont tendance à le sur-estimer,
l'interprétation des données archéologiques est parfois sujette à
controverses.
Cela
vous étonnera peut-être, mais je ne suis pas contre ce débat
contradictoire, qui ne peut que favoriser une saine émulation et
conduire à plus de rigueur dans les recherches.
Sachez,
cependant, qu'aucune découverte archéologique n'a jamais remis en
cause le récit biblique. Bien au contraire : toutes les
découvertes réalisées jusqu'ici attestent de la validité des
Écritures.
Cet
article a également été publié sur "Ops & Blogs" du "Times of Israel" :
Février
2016
Jacquy
Mengal
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