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vendredi 12 mars 2021

Que s'est-il passé à Jérusalem dès l'an 30 ?

Peu de gens savent que le Temple de Jérusalem fut le théâtre d'une série de phénomènes étranges survenus à partir de l'an 30, notamment à l'occasion du service quotidien et lors de chaque fête de Kippour.

Ces phénomènes hors du commun, qui ont débuté une quarantaine d'années avant la destruction du Temple, ont été observés par de nombreux Juifs ayant vécu à cette époque-là. Ensuite, tous ces signes ont été rapportés, puis minutieusement consignés dans les deux versions du Talmud (1) par les rabbins dès le début de notre ère.

Chers lecteurs, si j'ai choisi de publier à nouveau cet article, que j'avais écrit il y a déjà sept ans, c'est parce que ces événements sont autant d'indices révélant que le Seigneur Yéchoua aurait bien été crucifié lors de la Pâque de l'an 30.

D'autre part, tous ces signes nous montrent aussi que le Tout-Puissant ne fait jamais rien sans avertir les hommes.

En effet, tous ces phénomènes qui se sont déroulés pendant 40 ans (2), jusqu'à la destruction du Temple, auraient dû alerter la génération (3) de l'époque sur l'imminence de la catastrophe de l'an 70 et lui faire prendre conscience que quelque chose avait fondamentalement changé sur le plan religieux, depuis cette année 30, lorsque ces prodiges ont débuté.

« Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n'arrive ». (Matt. 24 : 34, v. L. Segond)

Quels étaient ces signes étranges ?

Voici ce que rapporte le Talmud de Babylone :

« Nos rabbins enseignaient : Au cours des quarante dernières années avant la destruction du Temple le tirage au sort ['Pour le Seigneur'] n'est pas venu dans la main droite, ni le ruban de couleur rouge n'est devenu blanc, et la lumière occidentale (de la Ménorah) n'a plus brillé et les portes du Hekel [du Temple] s'ouvraient d'elles-mêmes, jusqu'à ce que Rabban Yohanan Ben Zakkai les réprimanda, disant : Hekel, Hekel, pourquoi veux tu nous alarmer ? Je sais que tu seras détruit, car Zacharie fils d'Ido avait déjà prophétisé à ton sujet (Zach. 11 : 1) : « dit au Temple : 'Ouvrez vos portes, ô Liban, et que le feu dévore tes cèdres' » (version Soncino, extrait de Yoma 39b. Passage similaire dans le Talmud de Jérusalem).

Ce passage du Talmud nous parle de quatre phénomènes inhabituels, dont les deux premiers avaient lieu à l'occasion de chaque fête des Expiations durant les quarante années qui précédèrent l'an 70. Les deux autres signes concernaient plus précisément le service quotidien du Temple.

1° Le tirage au sort lors du Yom Kippour

La fête des Expiations (Yom Kippour) était un des jours les plus importants de l'année pour la communauté israélite. A cette occasion, de nombreux Juifs venaient de tout le pays et de l'étranger à Jérusalem pour participer à la cérémonie qui était pour la circonstance grandiose et solennelle.

C'était, en effet, lors de cette fête que les péchés du peuple étaient pardonnés par le Seigneur grâce au rituel des sacrifices qui se déroulait au Temple de Jérusalem (voir Lévitique, chapitre 16).

Lors de ce rituel, le Grand prêtre qui, pour la seule fois de l'année, pénétrait dans le saint des saints devait être dans un état de grande pureté (il se préparait tout au long de l'année pour cela. Il se lavait et changeait de vêtements plusieurs fois au cours de cette journée spéciale).

On lui apportait deux boucs identiques qu'il devait tirer au sort pour désigner lequel était « pour le Seigneur » et lequel était « pour Azazel » (4).

Pour ce faire, le Grand prêtre plongeait ses mains dans une boîte pour en retirer les deux lots représentant les deux boucs (5). Soit le lot « pour le Seigneur » et celui « pour Azazel ». Quand le lot « pour le Seigneur », représenté à un certain moment par une pierre blanche, venait dans la main droite, c'était un bon présage, mais si ce lot arrivait dans la main gauche, c'était un mauvais signe.

Avant cette année 30, cette loterie était aléatoire (la pierre blanche tombait aussi bien dans la main droite que dans la gauche). Mais durant les quarante années qui précédèrent la destruction du Temple, la cérémonie ne s'est plus passée comme auparavant.

Chaque fois que le Grand prêtre effectuait le tirage au sort pour départager les boucs, il sortait la pierre noire hors de la boîte dans la main droite (et forcément la pierre blanche dans la main gauche). Cette coïncidence est arrivée chaque année lors de la fête, depuis l'an 30 jusqu'à la disparition du Temple en 70 !

Les Juifs ont remarqué ce phénomène qu'ils ont interprété comme étant de mauvais augure. En effet, c'était le fait de voir arriver la pierre blanche dans la main droite du Grand prêtre qui était considéré comme un bon signe et non l'inverse.

Dans la tradition hébraïque, tout comme ailleurs, la main droite était plus favorable que la main gauche. Voici ce que rapporte l'évangéliste Matthieu :

«31 Quand le Fils de l'homme viendra (…) 33 il placera les moutons à sa droite et les chèvres à sa gauche. 34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, et recevez le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la création du monde. (…) 41 Ensuite, le roi dira à ceux qui seront à sa gauche : « Eloignez-vous de moi, vous qui êtes maudits par Dieu ! Allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges ! » (Matt. 25 : 31 à 41).

2° Le ruban de couleur rouge ne devenait pas blanc

Ensuite, lorsque le sort était tiré, on attachait un ruban de couleur rouge aux cornes du bouc « pour Azazel », et on attachait l'autre moitié du tissu à la poignée de la porte du Temple. Au bout d'un certain temps ce morceau de tissu devenait blanc, ou il restait parfois rouge, ce qui n'était pas un bon présage.

Et, après avoir sacrifié le bouc « pour le Seigneur » sur l'autel des holocaustes pour le pardon des péchés, celui « pour Azazel » était envoyé dans le désert de Judée où il était jeté d'un précipice, après que l'on ait confessé sur sa tête les péchés du peuple.

Ainsi, lorsque le morceau de tissu attaché à la porte du Temple devenait blanc, s'était un signe probant que le sacrifice d'expiation avait été accepté par le Seigneur. Or, dès le Jour du Kippour de l'an 30 et pendant quarante ans, le tissu attaché à la porte du Temple est resté rouge et n'est jamais plus devenu blanc ; comme si le sacrifice avait été rejeté par le Seigneur :

« Venez donc, dit le Seigneur, nous allons nous expliquer. Si vos crimes ont la teinte du sang, peuvent-ils devenir blancs comme neige ? S'ils sont rouge vermillon, peuvent-ils prendre la blancheur de la laine ? » (Esaïe 1 : 18).

Ces signes étaient d'autant plus funestes que des phénomènes inverses (et donc de bon augure) se sont passés lors de la prêtrise d'un certain Simon le Juste qui fut Grand prêtre au 3e siècle avant notre ère :

« Nos rabbins enseignaient : Pendant les quarante ans du ministère de Simon le Juste, le lot ['Pour le Seigneur'] est toujours venu dans la main droite. Puis après son ministère, il est venu tantôt dans la main droite, tantôt dans la main gauche. Et [pendant ce même temps] le tissus de couleur pourpre devenait blanc. Mais après, il est devenu parfois blanc ou pas. Pendant ces quarante ans également, la flamme occidentale restait allumée, puis après, elle restait allumée ou s'éteignait. » (Talmud, version Soncino, extrait de Yoma 39a).

3° Les portes du Temple s'ouvraient d'elles-mêmes

Le soir, après le service quotidien au Temple, la grande porte de bronze était soigneusement fermée par les lévites. Mais, pendant les quarante années qui précédèrent la chute du Temple, on la retrouvait grand ouverte chaque matin sans que personne ne soit intervenu la nuit. Ce prodige était d'autant plus invraisemblable que cette porte devait être fermée par plusieurs personnes car elle était très lourde.

Voici ce que rapporte Flavius Josèphe dans son livre :

« 3. [288] (...) et l'on vit la porte du Temple intérieur, tournée vers l'Orient, - bien qu'elle fût en airain et si massive que vingt hommes ne la fermaient pas sans effort au crépuscule, qu'elle fût fixée par des verrous munis de chaînes de fer et par des barres qui s'enfonçaient très profondément dans le seuil formé d'une seule pierre -, s'ouvrir d'elle-même à la sixième heure de la nuit. » (Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre VI, chapitre V, extrait).

Si on ne peut expliquer comment cette porte s'ouvrait d'elle-même durant la nuit, nous pouvons cependant interpréter ce signe comme étant l'ouverture symbolique de l'accès vers Dieu pour tous les hommes et plus seulement aux lévites.

4° La lumière principale de la Ménorah qui s'éteint

Le chandelier à sept branches (la Ménorah) se trouvait dans le lieu saint (5) sur le côté sud (Ex. 25 : 31-40 et 26 : 35). Outre sa fonction évidente d'éclairage, il représentait symboliquement les sept Esprits de Dieu et plus tard, les sept Églises (Apoc. 1 : 4, 20).

Au cours du service quotidien dans le Sanctuaire, toutes les mèches du chandelier étaient rallumées le soir avec la flamme de la branche centrale. Cette mèche centrale appelée « la flamme occidentale » était la plus importante des sept, puisque c'est avec cette mèche qu'on rallumait les autres flammes éteintes (Ex. 27 : 21). Elle devait donc rester toujours allumée, même si parfois il arrivait qu'elle s'éteigne par accident.

Mais de nouveau, au cours des quarante années qui précédèrent la disparition du Temple, la « flamme occidentale » s'éteignit d'elle-même durant la nuit, malgré le soin particulier apporté par les lévites pour que cette flamme reste constamment allumée (on y mettait plus d'huile et elle était mieux surveillée).

S'il est difficile d'expliquer ce phénomène, on peut néanmoins en deviner la raison symbolique : il était manifeste que la présence de Dieu avait quitté le lieu saint et que ce signe, comme tous les autres d'ailleurs, aurait dû avertir le Grand prêtre et lui indiquer que quelque chose avait changé depuis l'apparition de ces signes dès l'an 30.

« ... Alors je vis sept lampes d'or. Au milieu d'elles se tenait un être semblable à un homme ; il portait une robe qui lui descendait jusqu'aux pieds et une ceinture d'or autour de la poitrine. » (Apoc. 1 : 12-13).

Le Sanhédrin a changé de place

Un autre événement rapporté dans le Talmud s'est aussi déroulé à partir de l'an 30. Il concernait le lieu où siégeait le Sanhédrin (7).

Jusqu'à cette année 30, le Sanhédrin tenait habituellement ses audiences et ses délibérations dans un local attenant au Temple qu'on appelait « la Chambre des Pierres Taillées ». Or, dès cette année-là (en 30), le Sanhédrin a décidé de quitter ce lieu superbe pour siéger dans un local moins prestigieux situé en dehors du Temple :

« Quarante ans avant la destruction du Temple, le Sanhédrin quitta (le local de la « Chambre des Pierres Taillées ») pour siéger dans la salle du commerce (le « Hanuth »). (Talmud de Babylone, version Soncino, extrait de Shabbat 15a).

« Quarante ans avant que le Temple ne soit détruit, le Sanhédrin l'avait abandonné [le Temple] pour tenir ses séances dans le « Hanuth » (un local public de négoce) ». (Talmud de Babylone, version Soncino, extrait de Abodah Zara 8b).

Pourquoi un tel changement de lieu de réunion et quelle en était la raison ?

Cette fois, c'est dans la Bible que nous allons découvrir un indice inattendu, pour expliquer ce changement de lieu, ainsi que pour l'explication du rideau du Temple qui se déchira.

«A ce moment, le rideau suspendu dans le Temple se déchira depuis le haut jusqu'en bas. La terre trembla, les rochers se fendirent,» (Matt. 27 : 51).

L'évangéliste Matthieu affirme qu'il y eut un tremblement de terre au moment de la mort de notre Seigneur. Il est donc tout à fait possible que le Temple ait subi quelques dommages suite à ce séisme et que le local où se réunissait le Sanhédrin soit devenu de ce fait hors d'usage.

De la même façon, le rideau du Temple aurait très bien pu se déchirer sous l'effet de la secousse sismique qui aurait endommagé le linteau par lequel était attaché le rideau. C'est probablement aussi pour la même raison que la porte de bronze s'ouvrait d'elle-même et que la flamme du chandelier s'éteignait par l'effet d'un courant d'air.

Cet autre événement (du rideau déchiré), qui fut également un signe très symbolique, n'a pas été repris dans le Talmud en raison, probablement, du lien de proximité trop évident avec la mort du Messie, car certains chefs religieux avaient voulu «étouffer l'affaire » à tout prix (Matt. 28 : 11-15).

Conclusion

Mes amis, vous aurez certainement compris que le fait que ces phénomènes hors du commun aient été consignés par écrit par les autorités religieuses juives constitue une preuve évidente de l'authenticité des faits rapportés.

En effet, qu'elle aurait été l'intérêt pour le Judaïsme rabbinique de l'époque de révéler ces événements étranges qui auraient pu indiquer que Yéchoua était bien le Messie annoncé par l’Écriture, puisque la plupart des chefs religieux n'a pas reconnu sa divinité ni son titre de Messie.

Pourtant, tous ces signes auraient dû montrer aux prêtres et au peuple de Jérusalem que quelque chose avait manifestement changé dès cette année 30, notamment dans le rituel du Yom Kippour. Car ils se sont bien rendu compte que ce sacrifice d'expiation annuel n'était plus favorable au Seigneur, puisque tous ces signes, qu'ils ont reconnus comme étant des mauvais présages, ont bien été observés puis notés plus tard dans les deux versions du Talmud.

Ceux qui croient que le Messie annoncé dans l’Écriture est bien Yéchoua, savent que ce rite sacrificiel du Yom Kippour (8), tout comme les autres sacrifices sanglants, n'ont plus de raison d'être, puisque notre Seigneur y a mis fin en les remplaçant par son propre sacrifice lors de la Pâque.

« 12 Quand le Christ est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint il n'a pas offert du sang de boucs et de veaux ; il a offert son propre sang et a obtenu pour nous un salut éternel. (...) 28 De même, le Christ aussi a été offert en sacrifice une seule fois pour enlever le péché de beaucoup d'hommes. » (Héb. 9 : 12, 28).

Ainsi, s'il est avéré que Yéchoua a bien été crucifié en l'an 30, cela a forcément dû se passer le mercredi 5 avril, puisque c'était le seul jour qui correspondait à la fois au 14e jour de nisan, jour du sacrifice de la Pâque, à la prophétie des «3 jours et 3 nuits» (Matt. 12 : 40) et à celle de Daniel 9 : 26.

Notes :

1) Le Talmud est un ensemble de livres traitant des traditions juives et du judaïsme qui fut rédigé par les rabbins entre le IIIe siècle et le Ve siècle ap. J.-C. Il y existe deux versions du Talmud, celle de Babylone et celle de Jérusalem qui sont constituées de la même Michna et d'une Guemara différente pour chaque version (la Guemara est un commentaire de la Michna). Quoique le Talmud ne soit pas un livre inspiré par Dieu, il contient cependant des précisions historiques et des détails intéressants concernant les traditions juives.

2) Faut-il rappeler que, dans les Écritures, le nombre 40 symbolise un temps d'attente, de patience et de mise à l'épreuve : (Gen. 7 : 12 et 17 ; Gen. 8 : 6 ; Ex. 24 : 18 ; Deut. 8 : 2 ; I Rois 19 : 8 ; Jonas 3 : 4 et Matt. 4 : 2).

3) Une génération vaut quarante ans (Matt. 24 : 34 et Marc 13 : 30).

4) « Azazel est probablement le nom d'un démon hantant les lieux désertiques », réf. : la Bible en français courant, 1983, page 137.

5) A l'époque du premier Temple, ces lots étaient en bois. Il y était inscrit : « pour le Seigneur » et « pour Azazel ». Ensuite, ils ont été façonnés en or, puis on a utilisé deux cailloux : un blanc qui représentait celui « pour le Seigneur » et un noir « pour Azazel ».

6) A l'époque du roi Salomon, il y avait dix chandeliers qui étaient disposés par groupes de cinq de chaque côté du lieu saint. Ensuite, il ne resta qu'un seul chandelier (I Rois 7 : 49).

7) Le Sanhédrin était à la fois une assemblée législative et le tribunal suprême du peuple juif. Le Grand Sanhédrin siégeant à Jérusalem était composé de 71 anciens, tous versés dans la Loi, alors que le Petit Sanhédrin composé de 23 membres siégeait dans les villes principales où il légiférait en matière de justice.

8) Si le rite sacrificiel tel qu'il se faisait sous la Première alliance ne doit plus être pratiqué, il n'en demeure pas moins que la fête doit toujours être célébrée (voir l'article « Le Jour des Expiations » dans ce blog).

Crédit image : peakpx.com

Mars 2021

Jacquy Mengal

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