Par
rapport à certaines remarques qui ont été faites à propos de
l'article traitant de Hanoukka, je voudrais fournir quelques
précisions complémentaires aux lecteurs intéressés par ce sujet.
D'abord,
il n'est pas dans mes habitudes de célébrer la fête de Hanoukka,
sans pour autant que je critique ou juge ceux et celles qui la
fêtent.
Si
j'ai choisi de parler de la fête de Hanoukka dans cet article de
début décembre, c'était pour expliquer qu'il y avait pour tout
croyant un enseignement à retirer des événements dramatiques qui
ont été à l'origine de cette fête (voir l'article en question).
Hanoukka,
tout comme Pourim, sont des fêtes juives rabbiniques considérées
par le judaïsme lui-même comme « mineures ». En effet,
ces deux fêtes ne font pas partie des sept fêtes mentionnées dans
la Torah (Lévitique 23), et ne sont par conséquent pas
obligatoires.
A
l'origine, Hanoukka était une fête civile, qui commémorait la
victoire des Maccabées sur le pouvoir tyrannique des Séleucides au
deuxième siècle avant notre ère. Puis au fil du temps, la fête a
évoluée et sa célébration s'est enrichie de coutumes nouvelles,
comme l'utilisation d'un chandelier à neuf branches (huit branches
qui représentent les huit jours de la fête et une neuvième qui
sert à allumer les autres mèches), la distribution de toupies, la
consommation de beignets traditionnels et, depuis peu, l'échange de
cadeaux comme le font certains chrétiens à Noël !
Vous
aurez compris qu'il n'y a qu'un pas pour dire que Hanoukka est en
concurrence avec Noël !
Les
livres des Maccabées parlent bien d'une fête qui dure huit jours :
« Ils
célébrèrent la dédicace de l'autel pendant huit jours et ils
offrirent des holocaustes avec une grande joie, ainsi que des
sacrifices de communion et d'action de grâce. » (I M. 4 :
56).
Mais,
il faut savoir que le récit de la découverte de la fiole d'huile,
qui permit miraculeusement d'alimenter la Ménorah pendant huit jours
au lieu d'un seul, nous vient du Talmud (rédigé du second siècle
au cinquième siècle de notre ère).
« Qu'est-ce
que Hanoukka ? Les rabbins enseignaient: «Le vingt-cinquième jour
du mois de Kislev commence Hanoukka qui dure huit jours, durant
lesquels il est interdit de faire des éloges funèbres et de jeûner.
Lorsque les Hellénistes entrèrent dans le Sanctuaire, ils
souillèrent toutes les huiles qui s'y trouvaient. Et, lorsque les
Hasmonéens prirent le dessus et les vainquirent, on rechercha de
l'huile pour alimenter la lampe sainte dans le Sanctuaire, et on ne
trouva qu'un seul flacon intacte marqué du sceau du grand prêtre.
Alors que la fiole contenait suffisamment d'huile pour une seule
journée, un miracle eut lieu et on put allumer le candélabre huit
jours de suite. L'année suivante, on institua une fête de huit
jours qui serait dorénavant célébrée par des psaumes et des
louanges à la gloire des merveilles de l’Éternel. » (Talmud
de Babylone, Traité Chabbat 21b, livre I, chapitre II. Traduit de
l'anglais par moi-même).
Et,
c'est à Flavius Josèphe (fin du 1er siècle de notre ère) que l'on
doit le nom de
fête
des lumières.
« nous
célébrons cette fête, que nous appelons fête des Lumières, d'un
nom qui lui fut, je pense, donné parce que cette liberté avait lui
pour nous d'une manière inespérée » (Flavius Josèphe,
Antiquités judaïques, livre XII).
Rien
n'indique donc que la fête était à ses débuts nommée « la
fête des lumières », et qu'elle fut célébrée en allumant
une hanoukia.
Par
ailleurs, lorsque le Nouveau testament mentionne une seule fois la
présence du Seigneur Yéchoua au Temple de Jérusalem lors de la
fête de la Dédicace (Hanoukka), il n'est absolument pas dit qu'il
était là pour célébrer la fête !
« C'était
l'hiver et l'on célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace.
Jésus allait et venait dans la galerie à colonnes de Salomon, dans
le temple. » (Jean 10 : 22-23).
Car
il faut savoir, qu'à une certaine époque, le Seigneur se rendait
souvent au Temple pour enseigner le peuple, puisqu'il était Rabbi ;
et quoi de plus normal de se rendre au Temple lorsqu'il y a beaucoup
de monde (Matt. 26 : 55).
Il
est donc regrettable que certains croyants messianiques ou autres
utilisent ce verset dans l'évangile de Jean pour affirmer que le
Seigneur se trouvait au Temple pour fêter Hanoukka, et que nous
devrions à notre tour célébrer cette fête.
Permettez-moi,
d'ailleurs, de mettre en garde ceux et celles qui font un amalgame en
assimilant la symbolique du Seigneur, qui est la lumière du monde, à
cette fête des lumières ! Il y a là, en effet, une dérive
que l'on retrouve dans la fête de Noël qui n'a rien de biblique. Le
Seigneur Yéchoua n'a rien avoir avec cette fête hasmonéenne des
lumières !
« Jésus
adressa de nouveau la parole à la foule et dit : - Je suis la
lumière du monde. Celui qui me suit aura la lumière de la vie et ne
marchera jamais dans l'obscurité. » (Jean 8 : 12).
Hanoukka
est une fête qui est devenue excessivement populaire dans le monde
juif, au point que la hanoukia (chandelier à neuf branches) remplace
souvent la Ménorah (chandelier à sept branches) dans les foyers
juifs. Sa grande popularité gagne de plus en plus de terrain chez
les non-Juifs qui y voient souvent un prélude ou un avant-goût aux
fêtes de fin d'année. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir des
personnalités politiques de premier rang se rendre sur les places
publiques ou dans des synagogues pour allumer les bougies d'une
hanoukia géante, signe du succès toujours croissant de la fête et
du désir, somme toute louable, de nouer des liens d'amitiés entre
les communautés juives et non-juives.
Tout
récemment, un ami m'a fait remarquer que la fête de la Dédicace
mentionnée dans Jean 10 : 22 ne correspondait pas à la fête
de Hanoukka que l'on célèbre en décembre, mais était plutôt la
commémoration de la dédicace du second temple de Zorobabel qui eut
lieu à la fin de l'hiver 515 av. J.-C.
« Le
temple fut terminé le troisième jour du mois d'Adar, durant la
sixième année du règne de l'empereur Darius. Les Juifs, prêtres,
lévites et autres gens revenus d'exil, célébrèrent dans la joie
la dédicace du bâtiment. » (Esdras 6 : 15-16).
Bien
que le verset de Jean 10 : 22 indique que c'était « l'hiver »,
rien ne prouve que la Dédicace qui se fêtait au Temple quand le
Seigneur s'y trouvait ait été celle de la commémoration du Temple
de Zorobabel, car le 25 Kislev (commémoration de Hanoukka) se fête
aussi en hiver, mais au début de la saison hivernale cette fois.
D'autre
part, aucun écrit ne confirme que ce fut la dédicace du Temple de
Zorobabel qui fut fêtée en Jean 10 : 22, ni d'ailleurs la
dédicace du 1er Temple de Salomon (I Rois 8 : 62-66), ou celle
de l'autel de la Tente d'assignation (Nomb. 7 : 10-11).
Néanmoins,
ce qui est tout à fait vraisemblable, c'est que les Hasmonéens
(dynastie des Maccabées), dans un désir d'amalgamer les différentes
dédicaces, aient choisi de célébrer huit jours de fête en raison
des huit jours de la fête de Souccot non célébrés pendant le
conflit entre les Maccabées et les Séleucides.
« Comme
nous allons célébrer le vingt-cinq Kislev la purification du
Temple, nous avons jugé de notre devoir de vous en informer, pour
que vous aussi la célébriez à la manière de la fête des Tentes
... » ( II M. 1 : 18).
« Ils
célébrèrent avec allégresse les huit jours à la manière des
Tentes ... » (II M. 10 : 6).
Et
ces passages du second livre des Maccabées nous renvoient à la
Bible :
« A
cette même occasion, Salomon célébra pendant sept jours la fête
des Huttes en compagnie des Israélites assemblés en très grand
nombre (...) Une assemblée solennelle eut lieu au huitième jours de
la fête. » (II Chron. 7 : 8-9).
Conclusion
Bien
que Hanoukka ne soit pas mentionnée parmi les sept fêtes de la
Torah, libre à chacun de la célébrer, pourvu que sa signification
reste la libération du peuple de la tyrannie païenne et non une
assimilation avec notre Seigneur qui est la vraie lumière du monde.
Décembre
2015
Jacquy
Mengal
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