Comme
chacun sait, la fête juive de Hanoukka commémore la dédicace du
Temple de Jérusalem qui eut lieu en 164 avant notre ère, après la
victoire remportée par les Maccabées sur la tyrannie du roi
séleucide Antiochus IV Épiphane.
La
fête, qui dure 8 jours, sera célébrée cette année 2015 du 7
décembre (dès le 6 au soir) au 14 décembre. C'est en effet le 25
Kislev de l'an -164 que fut ré-inauguré le Temple de Jérusalem
après avoir été débarrassé des souillures laissées par
l'occupant séleucide. Et c'est lors de ce nettoyage que fut
retrouvée un petite fiole d'huile qui servait à allumer le
chandelier à sept branches (la Ménorah).
Par
miracle, le peu d'huile contenue dans la fiole, juste nécessaire
pour un jour, permit de maintenir la Ménorah allumée durant huit
jours, soit le temps nécessaire
à la fabrication d'une huile nouvelle. C'est pour cette raison que
la fête porte également le nom de fête des Lumières et qu'elle
est parfois assimilée aux fêtes de fin d'année (non-juives et
non-bibliques) (1).
Hanoukka,
signifiant « inauguration » ou « dédicace »,
est donc une fête rabbinique joyeuse qui possède ses propres
traditions comme l'allumage journalier de la Hanoukia
(chandelier à huit branches plus une servant à l'allumage des
autres mèches), la distribution de toupies traditionnelles aux
enfants et la confection de délicieux beignets que l'on mange en
famille et/ou entre amis.
L'histoire
de Hanoukka
Dans
le passé, la terre d'Israël a été envahie à de nombreuses
reprises en raison de sa situation géographique particulière, car
coincée entre l'Égypte pharaonique et les empires
assyro-babyloniens ; mais aussi à cause de sa religion
singulière et unique dans un monde polythéiste.
C'est
ainsi qu'au IIe siècle avant notre ère, Israël fut annexé par
l'empire gréco-syrien de la dynastie des Séleucides. Le pouvoir
séleucide, voulant imposer à tout prix la culture hellénistique
dans tous les pays conquis, devint de plus en plus oppressant et dès
l'an -167, à la faveur de rivalités au sein de l'institution du
Temple, le roi Antiochus Épiphane, frustré dans ses projets de
conquêtes, retourna sa colère contre les Juifs.
Des
milliers d'entre-eux moururent en peu de temps. Puis ce roi impulsif
et cruel imposa un régime de terreur : les rouleaux de la Torah
furent brûlés, la circoncision, le respect des lois alimentaires,
le shabbat et les pratiques religieuses furent interdits sous peine
de mort.
Ce
roi méchant alla même jusqu'à ériger une statue de Zeus sur
l'autel des holocaustes du Temple et le profana en y sacrifiant des
porcs selon la coutume hellénistique. Beaucoup de Juifs furent mis à
mort parce qu'ils refusèrent de manger de la viande de porc et des
nouveaux-nés circoncis furent tués avec leur propre mère (I
Maccabées 1 : 54-64).
Mais
un jour, Mattathias, un Cohen
du village de Modîn, refusa de sacrifier aux dieux grecs et jura
avec ses frères et ses fils de rester fidèle à l'alliance conclue
avec le Dieu d'Israël. Il détruisit l'autel païen élevé dans son
village, tua les Hellénistes et en chassa d'autres. Le prêtre
s'enfuit alors dans les collines de Judée avec ses frères et ses
cinq fils, les Maccabées (d'après le surnom donné à Judas, l'un
d'entre-eux). Après la mort du vieux prêtre, ses fils prirent la
tête de l’insurrection contre les Séleucides. De nombreux Juifs
se rallièrent à eux et ce fut le début d'une révolte et d'une
reconquête.
Les
Maccabées réussirent d'abord à chasser les Syriens séleucides
hors de Jérusalem, puis le Temple fut inauguré le 25 Kislev de l'an
164 avant notre ère, après avoir été débarrassé des idoles et
nettoyé de fond en comble.
« 52
Le vingt-cinq du neuvième mois, nommé Kislev, en l'an cent
quarante-huit, (...) 56 Ils célébrèrent la dédicace de l'autel
pendant huit jours et ils offrirent des holocaustes avec une grande
joie, ainsi que des sacrifices de communion et d'action de grâce. »
(I Maccabées 4 : 52 et 56).
(2)
Une
leçon pour notre époque
Si
la fête de Hanoukka concerne avant tout le monde juif, l’événement
dramatique qui fut à l'origine de l'histoire de Hanoukka devrait
attirer l'attention de tous les croyants.
En
effet, outre toutes les horreurs que ce roi sanguinaire ait pu
perpétrer en peu de temps, l'acte ultime de provocation qu'il commit
fut « l'abomination
de la désolation ».
« Le
quinzième jour de Kislev en l'an cent quarante-cinq {en -167}, le
roi construisit l'abomination de la dévastation sur l'autel des
holocaustes, et dans les villes de Juda alentour on éleva des
autels. »
(I Maccabées 1 : 54).
L'expression
« abomination de la dévastation »
que l'on nomme aussi « abomination de la désolation »,
« abomination du dévastateur » ou encore « horreur
abominable »
se rencontre à différents endroits du Tanakh, mais aussi dans le
livre apocryphe de I Maccabées et dans le Nouveau testament (3).
Cette expression fait
référence à la fois à une construction et à un rituel. A
l'époque qui nous occupe ici, il s'agissait de l'élévation d'une
statue de Zeus Olympien devant le Temple et de son autel où des
porcs furent sacrifiés selon la coutume hellénistique.
Évidemment,
cet acte impie était tout à fait contraire aux lois de la Torah et
aux Commandements divins (Ex. 20 : 3-6 et Lév. 11 : 7-8).
De plus le Sacrifice
perpétuel
fut interdit puis remplacé par ce culte idolâtre (Ex. 29 :
38-46). Il s'agissait donc vraiment d'un acte de défiance vis-à-vis
du Très-Haut.
Le
livre du prophète Daniel nous donne également une version de cette
histoire tragique qui conduisit à cet acte infâme de «l'abomination
de la désolation » :
« Ils
supprimeront le sacrifice qu'on offre chaque jour à Dieu et
placeront sur l'autel l' ''Horreur abominable''» (Daniel 11 :
31). Voir également Dan. 8 : 9-14 et 8 : 23-26 qui
concernent le même événement.
Pour le judaïsme
rabbinique la prophétie de Daniel s'est accomplie avec cette épisode
de la révolte victorieuse des Maccabées sur les Séleucides (ce que
nous rappelle Hanoukka).
Mais pourquoi
retrouve-t-on cette expression (Horreur abominable) dans le Nouveau
testament (écrit au 1er siècle de notre ère), si cet événement
décrit dans Daniel 11 : 31 est censé faire partie du passé ?
« Vous
verrez celui qu'on appelle ''Horreur abominable'', dont le prophète
Daniel a parlé; il sera placé dans le lieu saint. (Que celui qui
lit comprenne bien cela !). » (Matthieu 24 : 15).
En lisant ce passage du
livre de Matthieu (Mattiyahou), nous sommes invités à bien
comprendre la prophétie ; et pour cause, car la référence à
trouver dans le livre de Daniel n'est pas le verset de Dan. 11 :
31 (ni ceux du chapitre 8), mais bien celui de Dan. 12 : 11-12
qui nous parle aussi d'une « Horreur abominable », et qui
est à mettre en relation avec les passages de Dan. 9 : 27 et
Dan. 7 : 25.
« Depuis
le moment où l'on ne pourra plus offrir à Dieu le sacrifice de
chaque jour, et où l'''Horreur abominable'' sera placée sur
l'autel, il s'écoulera mille deux cent quatre-vingt-dix jours.
Heureux ceux qui demeureront fermes dans leur attente pendant mille
trois cent trente-cinq jours. »
(Daniel 12 : 11-12)
(4)
Or,
en lisant l'entièreté des chapitres 11 et 12 du livre de Daniel, on
s'aperçoit que l'on a changé d'époque ! En effet, à partir
de Daniel 11 : 40 et jusqu'à la fin du chapitre 12, le prophète
nous décrit des événements qui doivent arriver au
temps de la fin :
« A
l'époque de la fin ... » (Dan. 11 : 40).
« Toi,
Daniel, garde secret ce message, ne révèle pas le contenu de ce
livre avant le temps de la fin. Alors beaucoup de gens le
consulteront et leur connaissance en sera augmentée. » (Dan.
12 : 4).
Chers lecteurs,
savez-vous que cette déclaration dans Dan. 12 : 4 est en train
de s'accomplir de nos jours. En effet, est-il encore nécessaire de
spéculer sur l'époque dans laquelle nous vivons ? Tous les signes
d'avertissements donnés par les prophètes d'Israël sont bel et
bien en train de se réaliser sous nos yeux.
Nous
sommes dans les temps de la fin et malgré le scepticisme de certains
ou la raillerie d'autres, nous allons voir arriver cet homme impie
qui pénétrera dans un temple reconstruit à Jérusalem. Il fera
cesser le Sacrifice et l'offrande et commettra l'ultime « abomination
de la désolation ». (Celle commise par Antiochus Épiphane
n'était en quelque sorte qu'une préfiguration d'un événement à
venir).
Voici ce que le prophète
Daniel écrivait à ce propos :
« Pendant
la dernière période de sept ans, il imposera de dures obligations à
un grand nombre de gens. Au bout de trois ans et demi, il fera même
cesser les sacrifices et les offrandes. Ce dévastateur accomplira
ses œuvres abominables avec rapidité, jusqu'à ce que la fin qui a
été décidée s'abatte sur lui.» (Dan. 9 : 27).
Ainsi, pensez-vous qu'il
soit impossible qu'un troisième Temple soit rebâti à Jérusalem et
que le Sacrifice perpétuel y soit à nouveau pratiqué (peut-être
son forme de prières comme le suggérait Maïmonide ? (5)
Car, soyez certain que ce
n'est pas Antiochus Épiphane, ni même le général romain Titus en
l'an 70 qui sont décrits dans ce verset de Daniel 9 : 27. Ni
l'un, ni l'autre n'ont jamais fait d'alliance d'une durée de sept
années qu'ils auraient rompue après trois ans et demi.
Cet
homme qui mettra un terme au Sacrifice perpétuel à la moitié de la
« semaine de sept ans »
n'est rien d'autre que cet impie mentionné dans Daniel 7 : 25.
Et même si ce troisième
Temple devait être à nouveau profané, sachez que plusieurs
prophètes nous ont aussi annoncé l'arrivée d'une ère messianique,
un âge d'or pour l'humanité, où Jérusalem tiendra une place de
premier plan parmi les villes des nations et où un Temple magnifique
y sera reconstruit (Ézékiel, chapitres 40 à 48).
Notes
1) Il semblerait que le
rite de l'allumage des bougies pendant les 8 jours ait été ajouté
à la fête à une époque plus tardive; et d'aucuns y verraient une
tradition héritée des cultes du solstice d'hiver. Il est vrai que
les Saturnales romaines duraient elles aussi 8 jours et se
déroulaient à la même époque; alors hasard ou coïncidence ?
2) Les livres des
Maccabées ne font pas partie du Canon biblique. Ce sont des livres
apocryphes que l'on peut néanmoins considérer comme historiques.
3) Alors que la fête de
Hanoukka n'est pas directement mentionnée dans le Tanakh, le Nouveau
testament y fait référence à une seule occasion dans Jean
(Yohanan) 10 : 22.
4) Ces différentes
périodes de temps exprimées en jours sont longtemps restées une
énigme pour beaucoup. Mais ceux qui célèbrent les fêtes bibliques
se rendent bien compte qu'il s'agit de périodes de temps comprises
entre certaines fêtes.
D'autre
part, remarquons que la période de temps que dure la suppression du
Sacrifice perpétuel n'est pas la même dans Dan. 8 : 13-14 et
Dan. 12 : 11-13. Dans Dan. 8, on parle de 3 ans et 2 mois, et
cela concerne « l'abomination »
d'Antiochus, alors que dans Dan. 12, il s'agit d'une autre
« abomination » qui durera 3 ans et demi et qui aura lieu
au temps de la fin.
5) N° 559 – La prière
de Minha.- Kol Sofaich
Cet
article a également été publié sur "Ops & Blogs" du
« Times of Israel » :
Décembre 2015
Jacquy Mengal
Bonjour,
RépondreSupprimerLa note 4) indique "Dans Dan. 8, on parle de 3 ans et 2 mois, "
Or Daniel 8.14 "Et il me dit : Jusqu'à deux mille trois cents soirs et matins ; puis le sanctuaire sera purifié."
2300 jours çà ne fait pas 3 ans et 2 mois ?
Shalom
Shimon
Suite
RépondreSupprimerA moins que 2300 soirs et matins sont à comprendre divisés par 2 pour obtenir 1150 jours ?
Pour Daniel 12.11 1290 jours c'est 3 ans et demi + 30 jours par rapport aux 1260 jours (Apocalypse 11.3) ?
Shalom
Shimon
Bonjour Shimon,
SupprimerOui, 2300 soirs et matins correspondent bien à 1150 jours, puisque ces soirs et matins représentent les deux prières et sacrifices quotidiens (le Sacrifice perpétuel). Et, si je calcule correctement, 1150 jours = 3 ans et 70 jours, soit 3 ans et 2 mois (à quelques jours près).
Notez que le livre des Maccabés nous parle de 3 ans et 10 jours, soit la période de temps entre l'abomination et la dédicace (I M. 1: 54 et I M. 4: 52), mais la cessation du Sacrifice perpétuel peut avoir eu lieu un peu avant.
Concernant votre dernière remarque, c'est bien exact: 3 ans et 6 mois + 30 jours (en prime !).
Ce que je voulais expliquer avec tous ces calculs, c'est que l'abomination en Daniel 8 n'est pas la même qu'en Daniel 12 ! Il s'agit bien de deux événements différents et les calculs nous le prouvent.
Shalom et merci pour votre intérêt pour cet article.
Jacquy Mengal
Compte tenu de mon commentaire précédent non publié, je pense que le minimum que tu puisses faire et d'au moins modifier ta note 3 qui comme elle est écrite innduit en erreur: Tu devrais écrire que Jean 10: 22 fait peut-être mention de la fête de Hanouka mais qu'une autre possiblité à envisager et la mention dans la Tenah de la Dédicace du second Temple mentionnée dans le liivre d'Esdras qi a aussi lieu en hiver.
RépondreSupprimerCher Pierre,
SupprimerDe quel commentaire précédent parles-tu ? Ton commentaire du 29 novembre sur le Times of Israel a été publié dans les commentaires du journal et j'y ai d'ailleurs répondu le lendemain sur ce même journal.
Je publie toujours les commentaires non-anonymes et/ou signés. Par contre je ne publie plus les commentaires non signés et anonymes.
Concernant mon article, désolé mais je ne compte pas le modifier. Ton commentaire sera pour cela suffisant.
Du reste, je ne pense pas que les Juifs fêtaient la dédicace du second temple de Zorobabel, mais bien la re-inauguration par les Maccabés en - 164. Par contre, ce qui est possible, c'est qu'ils ont pu fusionner les différentes dédicaces (du 1er et du 2e Temple, ainsi que celle des Maccabées, mais cela reste à prouver). Jacquy Mengal